Bea a dirigé le chantier de l’enfouissement de Schwamendingen, un projet innovant et unique visant à améliorer la qualité de vie et de logement à Zurich. Nous lui avons demandé comment elle a vécu cette période.
Le projet “Einhausung Schwamendingen” a duré plus de six ans. C’est long. Qu’est-ce qui rend ce projet unique par rapport à d’autres ?
Il a débuté en septembre 2018 et s’est achevé fin mai 2024, avec la fin des travaux de gros œuvre. L’ouverture officielle du parc a eu lieu les 9 et 10 mai 2025. C’était le projet le plus long et le plus complexe de ma carrière, dans lequel nous avons mis en œuvre des solutions innovantes. Dès le départ, nous avons formé une équipe dynamique, qui s’est renforcée au fil des années grâce à une excellente collaboration. Nous partagions ce sentiment de « One Spirit » – un objectif commun ! Cela s’est clairement reflété dans les résultats.
Quelles étaient tes tâches et à quoi ressemblait une journée de travail ? Y avait-il quelque chose comme une “journée type” ?
Dans un projet aussi complexe et de longue durée que celui de Schwamendingen, il n’y avait pas de journée typique – chaque jour apportait son lot de nouveaux défis. En tant que cheffe de chantier, j’étais fortement impliquée dans la planification, la coordination et la mise en œuvre.
Parmi mes responsabilités :
- Gestion de projet : coordination des différentes phases, élaboration du planning global, suivi de l’exécution et du progrès.
- Planification à long terme : maîtrise des délais pour assurer des réalisations respectueuses de l’environnement et dans les temps.
- Planification des ressources : organisation des ressources à travers dix phases de construction s’étalant sur six ans.
- Coordination des sous-traitants : coordination et accompagnement technique.
- Résolution de problèmes : détection précoce et résolution en temps réel.
- Assurance qualité : vérification du respect des normes et directives.
Le projet a été achevé avec succès et contribue désormais à améliorer la qualité de vie du quartier. La diversité des tâches et le caractère dynamique du chantier rendaient chaque journée unique, avec de nouvelles opportunités d’apprentissage.
Quelles difficultés inattendues as-tu rencontrées ?
Comme mentionné, l’esprit d’équipe était exceptionnel. Nous avons donc surmonté les défis ensemble. Fin 2020, lors des travaux de fonçage de canalisations à Schöneich, un effondrement est survenu – heureusement sans blessé. Nous avons changé de méthode d’exécution et élaboré une nouvelle planification en tenant compte des phases de circulation.
Autre exemple, mi-2021, nous avons eu besoin d’un béton spécifique pour des éléments précontraints souterrains. Plusieurs réunions ont été nécessaires avec les fournisseurs et la direction des travaux. Finalement, nous avons trouvé la bonne formulation.
Début 2023, après plus de deux ans de planification et de préfabrication, un défaut est apparu sur l’un des 174 poutres béton – une semaine avant leur installation ! Tout était organisé : ressources, grues, fermetures de route, transport... Nous avons dû adapter rapidement le processus d’installation, sans causer de retard. Ce genre de situation exige énormément de flexibilité et de pensée rapide.
Nous avons respecté tous les 20 jalons du projet grâce à notre bonne collaboration.
Qu’est-ce qui t’a le plus passionnée dans ce projet ?
Trouver des solutions aux défis imprévus, sans aucun doute. Mais aussi la collaboration étroite et l’évolution de l’équipe au fil des ans. Ce projet m’a permis de grandir personnellement et d’apprendre énormément. Voir le résultat concret de notre travail, terminé à temps et avec une qualité irréprochable, était très gratifiant.
Quelles leçons retiens-tu de ce projet ?
La collaboration à tous les niveaux – maître d’ouvrage, direction, entreprises – a été essentielle. J’ai compris combien une communication ouverte est primordiale. Un climat de respect face aux erreurs permet d’apprendre ensemble et de s’améliorer continuellement. À l’avenir, je contribuerai activement à favoriser cette culture.
Dans des projets dynamiques, il est crucial de rester flexible. J’ai appris que des plans rigides peuvent être contre-productifs, et que des ajustements sont souvent nécessaires pour garantir la réussite. Toutes les leçons de ces six années me serviront dans mes futurs projets – pour améliorer la qualité et la satisfaction de toutes les parties prenantes.
Qu’est-ce qui te passionne dans ton métier de cheffe de chantier / cheffe de projet ?
La diversité et la responsabilité. Aucune journée ne se ressemble. Je suis sur le terrain, en réunion, au bureau, en coordination constante. Ce que j’aime vraiment, c’est le résultat tangible de notre travail : d’un simple plan naît un ouvrage que les gens utilisent, habitent ou admirent. Ce résultat concret me remplit de fierté. Même si parfois c’est stressant ou exige de longues journées, résoudre des défis inattendus me stimule. Cela montre l’importance de la communication et de l’anticipation. J’adore quand tout s’emboîte à la fin.
Merci pour cet échange passionnant !
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